Lu pour vous
Monsieur le curé fait sa crise !
Article mis en ligne le 1er juillet 2018

par Webmaster

C’est le samedi 17 septembre, lors du lancement de l’année pastorale pour les communautés francophones des différentes Unités Pastorales de Bruxelles que Mgr Jean Kockerols a mis un livre en exergue et en a conseillé la lecture. Ce livre de 176 pages, publié aux éditions Quasar coûte environ 12 euros. Il raconte les aventures de l’abbé Bucquoy. Celles-ci sont drôles, grinçantes et tendres et permettent à l’auteur de livrer une belle fable ou parabole spirituelle.

En voici la critique de Marie Malzac et David Roure sur le site de La Croix (source de l’article).


Monsieur le Curé fait sa crise

C’est l’histoire d’un curé qui craque. Les disputes de l’équipe florale, la pétition de fidèles contre son invitation maladroite mais bien intentionnée à redécouvrir le sens de la confession, les doléances des uns et des autres, l’absence de perspective dans sa « carrière » de prêtre et la promotion d’un confrère… C’en est trop, l’abbé Benjamin Bucquoy, la cinquantaine, a décidé de tout plaquer… et de disparaître.

Toutes les problématiques ecclésiales actuelles sous l’angle de l’humour

Ce court roman force le trait pour dégager des portraits plus vrais que nature. Dans ce récit qui se lit d’une traite, tous les personnages sont bien entendus fictifs mais sont autant d’idéaux-type que tout catholique peut aisément retrouver dans sa paroisse ou dans sa famille. De l’aristocrate de province désireux de faire respecter les « racines chrétiennes de la France » au père de famille fervent militant de la Manif pour tous, en passant par la « dame-cathé » légèrement à côté de la plaque et les membres bornés du conseil paroissial, Jean Mercier, journaliste à l’hebdomadaire La Vie depuis de nombreuses années, dresse un tableau vivant, grinçant, coloré et drôle de l’Église en France aujourd’hui, avec ses débats et ses fragilités.

Certes, le langage est très « boutique », mais sacrément évocateur. L’humour, omniprésent, s’appuie sur des formules efficaces. Dans une petite ville anodine, qui pourrait être n’importe où, se trouvent concentrées toutes les problématiques ecclésiales actuelles : le regroupement de clochers faute de prêtres, le surmenage de ces derniers, les relations entre un évêque et son clergé, les tensions entre fidèles, la place des laïcs dans les paroisses… On y croise aussi « l’esprit de Vatican II », les chants de messe aux accents naïfs et un peu ridicules, le jargon catéchétique.

Doutes et constat d’échec

Au fil des pages, on sent que l’auteur est fin connaisseur de ce que peuvent vivre de nombreux prêtres et on devine qu’il tient ses informations de première main. L’abbé Bucquoy, confronté à l’écart entre ce qu’il est et ce qu’il voudrait être, se retrouve à mi-parcours avec ses doutes et son constat d’échec apparent. Profondément attachant, il n’en apparaît pas moins avec toutes ses faiblesses.

De railleur, le ton de Jean Mercier se fait plus tendre. L’intrigue, de rebondissement en coup de théâtre, ravit le lecteur qui assiste à des bouleversements chez chacun des personnages et à autant d’histoires de conversion. Reste le protagoniste de cette fable moderne et spirituelle. Quelle leçon va-t-il tirer de tout ce qui lui arrive ? Une tragédie finira par faire changer son cœur à lui aussi, jusqu’au dénouement, inattendu.

Marie Malzac


Jean Mercier, journaliste à La Vie, est un bon connaisseur de l’Église catholique en France. Il sait bien le montrer dans ce petit livre, vite lu, où il met pour commencer un curé juste quinquagénaire en situation réelle dans sa paroisse : en fait, au lieu d’annoncer l’Évangile comme il le voudrait, il se trouve pris dans une toile inextricable de multiples conflits de personnes, qui semblent peut-être minimes mais qui, ajoutés l’un à l’autre, l’épuisent. Alors, un jour, suite à une dernière avanie (là, il s’agit d’une jalousie face à un confrère pourtant ami), il s’en va… sans pour autant partir à l’autre bout du monde ! Mais dire où il se réfugie déflorerait le petit plaisir que l’on a à la lecture de ce court roman ; en tout cas, cette fuite originale, invraisemblable même, changera le cours de la vie de notre bon Père Benjamin ainsi que celle de nombre de ses ouailles et même de personnes inconnues jusque là qui vont ainsi se rapprocher de l’Eglise et du Christ. Ainsi, cette plaisante pochade recèle bien un solide bon sens en nous invitant à ne plus nous centrer sur nos petits problèmes et nos misérables discordes mais sur le Christ seul et à nous efforçer de vivre comme lui, miséricordieux, joyeux et faisant envie !

David Roure