Maurice Bellet
La décomposition du christianisme
Article mis en ligne le 11 juin 2018
dernière modification le 24 juin 2018

par Webmaster

Mais il apparaît, alors, que la cause du processus n’est pas ce que sans doute on croyait. On la pensait extérieure : pression d’une pensée moderne devenue hostile à la foi avec, bien entendu, des effets au-dedans des croyants. Mais voici que la cause apparaît interne : c’est un mouvement de la foi elle-même, quand le croyant ne peut se résigner à son irréalité croissante. Le processus paraît donner raison aux traditionalistes, voire aux intégristes quand ils refusent absolument de s’engager sur cette pente. De leur point de vue, ils ont tout à fait raison. Si votre objectif est de protéger la foi contre ce qui risque de la détruire, alors maintenez la religion dans la religion, c’est son lieu. Ailleurs elle se perd.

L’ennui, c’est donc que le processus n’était pas ce que la foi subissait, c’est ce qu’elle voulait. Le croyant, par décision, par lucidité veut que la foi ne soit plus un reste, même vénérable, mais ce qui maintenant témoigne d’une puissance de vie qu’il est urgent de re-susciter dans le monde tel qu’il est. Autrement, c’est s’enfermer encore dans le déni, c’est refuser de voir que la foi meurt de la prétention à la garder intacte, hors des combats pour la vérité qu’elle a précisément à livrer.

Soit. Mais en ce cas que faut-il au processus pour réellement surmonter ce qu’il risque d’engendrer ? Si l’on ne peut répondre à cette question, ce qu’on appelait foi se dissout dans ce qui devait la sauver. Phase terminale : voilà ce que serait l’état de la religion chrétienne. On en est aux soins palliatifs.